La canonisation de Balaguer ne relève pas de l'infaillibilité de l'Eglise

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1er octobre 2002

Au nom du privilège de l'infaillibilité de l'Eglise ou de l'infaillibilité pontificale, un catholique est-il tenu de croire à la canonisation de Balaguer et de célébrer son culte ?

Conditions et nature de l'infaillibilité

" En premier lieu, c'est à l'Eglise dans son ensemble que, selon la doctrine catholique s'applique l'assurance d'être assistée par l'Esprit Saint lorsqu'elle s'emploie à clarifier des points essentiels de la foi. Elle se réfère, en l'occurrence, à la promesse faite par Jésus à ses apôtres d'être présent auprès d'eux après son départ de ce monde et jusqu'à son retour. (Jn.14, 8-21)

"En second lieu, le domaine auquel s'applique l'assurance de cette infaillibilité est très strictement circonscrit : il s'agit exclusivement de la définition des points de doctrine concernant la foi et la morale en vue d'examiner le contenu de la Révélation (Lumen Gentium, n°25)

"Se trouvent donc exclues de ce domaine (de l'infaillibilité) , entre autres les questions de caractère pastoral ou disciplinaire. Ainsi l'encyclique Humanae vitae de Paul VI sur la régulation des naissances, les sanctions ecclésiastiques prises à l'encontre de Mgr L efebvre. une canonisation, ne relèvent pas du dogme de l'infaillibilité.

(Extraits de l'encyclopédie théo, p.544)

"Comme la mission du Christ fut seulement de révéler ce qui est nécessaire au salut et n'a pas consisté à prendre position sur le reste des connaissance humaines, la mission de l'Eglise a pour unique domaine la Révélation. Il s'ensuit que l'objet de l'infaillibilité est identique à celui du développement dogmatique. Pour que l'infaillibilité s'exerce, il faut que l'Eglise veuille prendre publiquement position comme telle.

"Il faut limiter le domaine de l'assistance divine à la vérité évangélique, elle n'embrasse pas tout le domaine de la vie chrétienne. Ce qui est d'ordre législatif, administratif, du droit canonique ou public, demeure donc hors de l'infaillibilité de l'Église ".

" Il y a lieu de mentionner le domaine des réalités ecclésiales qui sont garanties par l'assistance divine, sans pour autant qu'elles soient l'objet de sanctions infaillibles : ainsi l'oecuménicité de tel concile, la légitimité ou la dissidence de tel évêque, de tel pape. la reconnaissance de tel rite ou telle législation, la promulgation d'une loi universelle. l'approbation d'un ordre religieux, la canonisation d'un saint et la confirmation de son invocation dans la liturgie,... "

" Il faut ici rappeler le principe : l'infaillibilité de l'Eglise n'appelle la foi divine que pour les articles relativement auxquels il y a eu révélation, et pour les choses nécessaires au salut. L'Église n'a pas reçu du Christ la promesse d'infaillibilité pour affirmer l'héroïcité des vertus de Saint François d'Assise, celle-ci fût-elle éminemment visible ".

" Tout ce qui dépend en soi d'une connaissance historique demeure hors de la capacité d'affirmation infaillible de l'Eglise" (Encyclopédie CATHOLICISME, p.1550-1578)

"Cette infaillibilité, dont le divin Rédempteur a voulu doter son Eglise quand elle définit la doctrine de la foi et des moeurs, s'étend aussi largement que le dépôt de la divine Révélation." (Concile Vatican II. Constitution Lumen Gentium, n°25)

La canonisation de Balaguer ne relève pas de l'infaillibilité de l'Eglise

On peut donc appliquer à Balaguer les principes théologiques ci-dessus exposés

L'Eglise n'a pas reçu mission du Christ la promesse d'infaillibilité pour affirmer l'héroïcité des vertus de Balaguer, celle-ci fût-elle éminemment visible : ce dont on est libre de douter en toute bonne foi.

Si, déjà, en 1992, la béatification de Balaguer, fondateur de l'Opus Dei, m'avait rendu béat, sa canonisation, en 2002 : faire de lui un saint, je trouve cela tout simplement malsain.

Jacques Trouslard